Mohamed Boumehdi, père de Toufik, fonde l'atelier de céramique à Kouba, Alger. Cet atelier devient rapidement une référence en matière de céramique d'art en Algérie.
Toufik grandit dans l'atelier familial, apprenant les techniques de céramique aux côtés de son père. Il développe une passion pour cet art dès son plus jeune âge.
Toufik poursuit des études en céramique à Limoges, en France, afin d'élargir ses connaissances et d'apporter une touche personnelle à son art.
De retour en Algérie, Toufik travaille sur des projets variés, mêlant traditions maghrébines et influences européennes, et commence à se faire un nom dans le monde de la céramique.
Toufik conçoit une fresque monumentale de 2 060 m² composée de 52 000 pièces de faïence peintes à la main, installée sur la façade ouest du Centre des Conventions Mohamed Benahmed à Oran.
Les œuvres de Toufik sont exposées dans divers pays, dont le Japon, les États-Unis, le Canada et plusieurs pays européens, renforçant sa réputation à l'échelle mondiale.
Toufik est invité par Radio France Internationale pour discuter de son parcours, de sa vision artistique et de son engagement envers la céramique d'art.
Je suis né à Berrouaghia, à 100 kilomètres d’Alger, dans un village bercé par la chaleur de l’argile et l’ombre des montagnes. Là, mon père, Mohamed Boumehdi, facteur le jour, céramiste la nuit, m’a transmis bien plus qu’un savoir-faire. Il m’a transmis une vision du monde.
Cet homme, qu’on surnommait « le carreleur du ciel », a rempli notre maison de carreaux colorés, de terre cuite, de poussière de grès. Il m’a appris à écouter la matière, à respecter la lenteur du geste, à oser la beauté.
Très jeune, j’ai compris que la céramique serait plus qu’un métier. Ce serait ma façon de parler au monde.
J’ai étudié à Limoges, non pas pour fuir mes racines, mais pour les nourrir ailleurs. J’ai découvert d’autres gestes, d’autres sensibilités, d’autres visions du décor. Puis, j’ai voyagé. J’ai observé la céramique turque, italienne, andalouse, maghrébine. Et j’ai trouvé ma voix : entre les cultures, entre les lignes, entre les couleurs.
Mon travail est un mélange. Il ne copie pas, il ne reproduit pas. Il dialogue. Il cherche l’équilibre : entre la rigueur et l’émotion, entre l’ombre et la lumière, entre la tradition et la modernité.
Dans mon atelier à Kouba, nous sommes une équipe. Dix artisans, tous différents, tous essentiels. Je dessine, je trace, je compose. Parfois je nettoie le four ou je répare un pinceau. C’est ça, un atelier : un lieu d’écoute, de poussière et de rêve.
Je travaille la terre rouge, l’argile blanche, le cobalt, le chrome, les oxydes métalliques. Je trace des lignes arrondies, je fuis la géométrie stricte. J’aime que mes œuvres vivent dans les maisons, sur les murs, dans les mains.
Et maintenant, je découvre le verre. Avec la technique du fusing, j’explore une autre forme de transparence, une autre façon de peindre avec la lumière.
J’ai la conviction que la beauté doit rester accessible, enracinée, sincère.
La céramique n’est pas un objet. C’est un monde.
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